La liberté, par où commencer ? Cette question d’apparence simple pose déjà le cadre de ce texte : comment écrire pour permettre une réflexion aussi libre que possible sur ce sujet ?

Ainsi, dans cet article, je me pose beaucoup de questions, sans toujours apporter les réponses et afin de laisser à chacun la liberté de le faire… ou pas !

Il ne m’est pas aisé d’écrire sur la liberté, trop de questions affleurent : pendant que j’écris, suis-je réellement libre de ce que je pense ? ou suis-je influencée ? par mes expériences, les échanges que j’ai pu avoir sur ce sujet ou sur d’autres, par mes interprétations et mes croyances, par mes émotions… Est-ce que je perds forcément ma liberté si je suis influencée ou puis-je aussi être libre d’accepter certaines influences, d’en refuser d’autres, ou de choisir mon degré d’influence ? Est-ce que le choix du moment où j’écris est important ? Traduirais-je mieux ce que je veux dire de la liberté si je rédige à un moment où je ressens celle-ci, ou puis-je aussi le faire avec un vécu différent ? Ainsi, est-ce réellement possible de réfléchir et d’écrire librement ? Et de quelle liberté parle-t-on ? Sommes-nous tous égaux pour exercer notre liberté ? Il y a de quoi se faire des nœuds au neurone lorsque se pose la question de la frontière entre liberté, vécu de liberté, illusion de liberté et peut-être encore autre chose !

Afin de ne pas me tromper de cible (ou de me tromper en toute liberté ), je tapote sur mon clavier dans mon moteur de recherche usuel : « liberté Larousse en ligne » et « liberté Wiktionnaire », je découvre alors la multitude de significations, qui opposent souvent la liberté à la notion de contrainte, de pression, de pouvoir. De même, il n’existe pas une liberté, mais de multiples. Je n’aborderai donc la thématique que sous certains des moult angles offerts par la psychologie. Je n’aborderai que peu les libertés de société ou politiques, qui peuvent entraver l’accès à certaines formes de liberté pour certaines personnes.

Commençons par la liberté d’action, qui consiste en la possibilité d’agir comme on le souhaite, à son gré, sans contrainte. Cette liberté-là s’exerce à travers nos désirs de vadrouilles, de voyages, de bouger, d’actions, de faire, de variété parfois, etc. Inversement, toute contrainte externe concrète peut venir l’entraver. Lorsque nous souhaitons exercer cette liberté-là, le non-agir-à-notre-gré devient source de difficulté. Il existe alors une fragilité de la frontière entre liberté et satisfaction-action immédiate. En effet, la Vie nous confronte à l’impossibilité d’une liberté d’action totale. Par exemple, la loi, la nécessité de répondre à nos besoins vitaux (se nourrir, se soigner, etc.) ou notre désir d’être en relation avec d’autres nous imposent des limites ou des contraintes (financières, de respect, etc.). Cette volonté d’agir librement nous encourage, en revanche, à construire un environnement de Vie, aussi bien matériel qu’Humain, qui permette de choisir, autant que possible, ce que nous décidons de faire. Cultiver de façon mesurée cette liberté-là peut nous apprendre à agir selon la situation immédiate, elle nous apprend à être réactifs sur le plan pratique et capables d’improvisation, elle nous aide à développer une pensée efficace, à choisir l’instant présent. Elle est comme un voyage au cours duquel, à chaque instant, nous décidons de la direction à prendre… parmi l’ensemble des directions accessibles.

La liberté de parole ensuite qui pourrait être vue comme une forme de liberté d’action en mots. Cette liberté-là s’exerce à travers nos dialogues, débats, partages, verbalisations émotionnelles, etc. Mais jusqu’où peut-on dire ? Est-ce toujours pertinent de dire ? Cette notion de pertinence restreint-elle ou non notre liberté ? Il existe, par exemple, une fragilité de la frontière entre dire et déverser-décharger. Lorsque nous souhaitons exercer cette liberté-là, la frustration imposée par les conséquences de nos paroles peut être difficile à supporter. Cette volonté d’être libre de dire ce que nous voulons nous encourage, en revanche, à construire un environnement qui nous permette de choisir, autant que possible, ce que nous énonçons. Cultiver de façon mesurée cette liberté-là peut nous apprendre l’authenticité, l’affirmation de soi, de nos idées et de nos points de vue, la transparence émotionnelle, etc. Elle est comme un voyage verbal au cours duquel, à chaque instant, nous décidons de la parole à exprimer… parmi l’ensemble des directions accessibles.

Or, l’ensemble des directions accessibles est-il forcément restreint ? Et peut-il s’étendre ? De quelle manière ? Pouvons-nous gagner en liberté si l’étendue des directions disponibles grandit, si le nombre de choix à notre disposition augmente ?

Et puis, il y a les effets de ces libertés. Le choix du moment peut être important. Si nous confondons liberté / satisfaction immédiate ou liberté / (im)pulsion, par exemple, il peut arriver que nous impactions notre liberté future ou celle d’autrui. En effet, sommes-nous réellement libres si nous ne tenons compte que de notre liberté immédiate sans en mesurer suffisamment les conséquences à moyen / long terme ? La privation d’une liberté immédiate peut-elle nous pousser à construire une liberté future ? (par exemple, renoncer à dépenser notre argent selon l’envie du moment afin d’économiser pour construire quelque chose de plus grand ultérieurement). Quand exercer notre liberté immédiate n’entrave pas notre liberté future, il est facile de décider. Mais, parfois, libertés immédiate et future se combinent mal, auquel cas la liberté pourrait-elle résider dans le fait de pouvoir choisir l’une ou l’autre ou un compromis entre les deux ou une autre voie encore ? La contrainte pourrait alors ici être source d’une liberté future.

De même, où commence et où s’arrête notre liberté lorsque nous rencontrons celle d’une autre personne ou celle d’un groupe ? Nos paroles peuvent entraîner des conséquences sur l’espace d’autrui (par exemple, dire un propos qui va blesser ou envahir l’espace de parole sans nous rendre compte que nous privons l’autre de s’exprimer). Parfois, lorsque nous souhaitons être libres de ce que nous disons, nous souhaitons en même temps ne pas recevoir de critique, de jugement, de propos moralisateur, d’incompréhension ou autre… qui pourtant sont l’expression de la même liberté de parole de notre interlocuteur. Il me semble, ainsi, que notre liberté d’action et de parole se limite à ce qui n’entrave pas celle d’autrui et qui lui offre les mêmes chances d’agir et de s’exprimer. La liberté pourrait alors aussi se situer dans le choix entre faire comme on veut, ne pas faire ou faire autrement… entre dire ce qu’on veut, se taire ou dire autrement, etc.

En ce sens, la liberté semble relever d’une responsabilité à assumer nos actes et nos mots, à prendre la responsabilité de leurs conséquences sur soi, sur autrui, sur notre environnement, etc.

Autre question qui m’a causé quelques cogitations tortueuses : Qu’y a-t’il en amont de nos comportements et de nos paroles ? Parfois (souvent ?), il y a nos pensées. Je me suis alors dit que s’il y a bien un lieu où la liberté pouvait être totale, illimitée, dénuée de toute contrainte, c’est bien dans nos pensées, dans notre jardin intime. Nous pouvons, en effet, penser ce que nous voulons. Cette liberté de pensée s’exerce à travers notre imagination, nos réflexions, nos raisonnements, nos dialogues intérieurs, nos remises en question (de soi, de l’autre, du monde)… et aussi à travers nos croyances et la manière dont les liens se tissent au sein de ce petit jardin personnel. Et là, les choses me semblent se compliquer : notre liberté de pensée découle en effet de notre personnalité, de notre tempérament, de notre architecture cognitive (= la manière dont fonctionne notre système de pensées, de croyances) et psychique (= la manière dont s’articule ce qui nous est conscient et ce qui nous est inconscient)… L’on pourrait résumer ainsi :

Nos actions et paroles peuvent découler de nos pensées, qui elles-mêmes sont issues de notre monde intérieur, qui est lui-même le résultat de conditionnements biologiques / cognitifs / psychiques, qui sont innés pour certains, issus de nos expériences de vie, relationnels, pour d’autres.

Ainsi, il me semble que notre liberté de pensée est soumise à des contraintes, essentiellement internes et en interaction permanente avec ce qui se passe autour de nous. Cultiver cette liberté de penser peut nous apprendre de nouvelles choses … ou, au contraire, renforcer d’anciennes choses. En effet, quand nous manquons de connaissance, de clarté, sur nos mécanismes internes, nous pouvons avoir l’illusion que nous cultivons une pensée libre, alors que nous raisonnons toujours selon un même schéma.

Je profite de cette réflexion pour illustrer un piège dans lequel je suis tombée quand j’ai rencontré mon désir de liberté… J’ai alors fait (librement pensais-je ! ) l’inverse de ce que mes conditionnements m’invitaient à faire ou rien du tout à leur place. J’ai ainsi baigné dans une illusion de liberté, en « contre », en « anti »-tout ce qui ne me convenait pas… Pour me rendre compte que j’arrivais aux mêmes conséquences. J’en ai déduit que si nous nous sentons étriqués dans un système (petit ou grand, externe ou interne) et que nous nous plaçons en opposition (ou en dénonciation) de celui-ci pour nous en libérer, nous voilà toujours enfermés dans le même système puisque c’est celui-ci qui reste notre référence. Parfois même, il peut prendre beaucoup de place dans notre monde intérieur, dans notre vie, et impacter ensuite notre perception, puis nos pensées, nos actions et nos mots. Sommes-nous alors réellement libres ? La liberté pourrait-elle ainsi se situer dans la nuance, dans le « pour » à certains moments, le « anti » à d’autres, le « entre les deux » souvent, ou dans une grille de lecture toute différente, nouvelle à d’autres instants.

Quand nous souhaitons nous libérer d’une pensée dominante (dans une relation, un groupe, une société, un travail) en choisissant l’opposée, nous restons coincés dans le même référentiel…

Comme si en opposition du blanc, nous choisissions le noir, éventuellement le gris, sans voir les autres nuances de couleur ou l’absence de couleur. Sans voir que tout cela (ou une partie) pourrait coexister en même temps sur un même tableau. Et sans percevoir non plus que si la couleur est importante, il y a aussi d’autres dimensions (l’épaisseur du trait, la taille du tableau, le contexte de sa production, etc.). Pour autant, nous sommes libres de raisonner en tout-ou-rien, ou pas !

Si, par souci de liberté, nous choisissons de nous distancier de ce type de continuum en tout-ou-rien, cela reste complexe. Il existe des freins, par exemple le biais de sélectivité des informations. Chaque cerveau perçoit les faits à sa manière. Prenons l’exemple d’un restaurant : certains vont s’attarder davantage sur le goût des plats, d’autres sur la décoration, d’autres sur la qualité du service. La perception du repas variera en partie en fonction d’une sélection et d’une hiérarchisation des informations. De manière plus générale, si dans une situation, je perçois les émotions de façon automatique et en priorité, je ne vais pas avoir la même perception que celui qui sélectionne d’abord les aspects sensoriels, ni la même perception que celui qui perçoit d’abord les éléments périphériques ou rationnels, ni de ceux qui, comme moi, ont un esprit qui focalise sur les processus. Il en est de même dans une conversation, certaines personnes vont rebondir sur un mot ou un autre, d’autres sur la phrase, d’autres sur le thème de la conversation, etc. Notre cerveau cognitif sélectionne à notre insu ce sur quoi il va poser son attention, ce sur quoi il va poser son regard. Il organise ensuite les différents éléments selon un ordre de priorité qui lui est propre.

Dans ce cas, devient-on plus libre si nous prenons conscience du type de regard que l’on porte sur les choses et que nous nous entraînons à varier ce regard ?

Le biais de confirmation est également un frein. Notre cerveau cognitif déteste la contradiction (et il n’est pas aisé de se distancier de cette contrainte-là), il cherche à créer un équilibre. Il en est de même de notre psychisme, qui préfère souvent ce qui est connu de ce qui est inconnu. Quand nous avons une croyance, nous avons tendance à sélectionner dans notre environnement les informations qui la renforcent. Par exemple, si j’ai l’impression que les personnes qui mangent des fraises sourient davantage, mon cerveau cognitif va avoir tendance à percevoir dans mon entourage essentiellement les personnes devenues plus souriantes en consommant ce fruit. Je vais m’appuyer sur quelques exemples et généraliser, faire de cette impression une vérité. Une autre illustration concerne nos peurs : nous évitons parfois l’objet de notre peur, quand nous y confronter de façon choisie et mesurée pourrait peut-être agrandir notre espace de liberté. Par exemple, j’ai longtemps eu très peur de l’avion. Je me sentais sécure ainsi, mon cerveau cognitif a donc renforcé l’idée que prendre l’avion était dangereux, ma croyance en ce sens s’est accentuée. Et puis un jour, j’ai décidé de me confronter, je suis allée voler au-dessus des nuages, avec beaucoup d’anxiété… qui s’est dissipée au fil des confrontations. Aujourd’hui, me voilà donc libre de prendre l’avion ou pas, selon mon choix, j’ai ainsi augmenté mon espace de liberté.

Un autre biais concerne les connotations, qui engendrent des confusions. Ainsi, il peut exister une confusion entre une idée et sa connotation bien-mal, vraie-fausse, juste-pas juste, entre une idée et sa connotation sociale et culturelle, entre une idée et l’ensemble des représentations qui s’y associent dans notre esprit (très différentes des représentations qui de l’esprit d’une autre personne). Par exemple, il y a un proverbe qui dit « qui ne dit mot consent », ce proverbe m’a longtemps bloquée car je pensais devoir systématiquement dire mon désaccord quand il apparaissait. C’était ma liberté de parole. Depuis, j’ai découvert que je pouvais exprimer mon désaccord, me taire ou autre chose encore : se taire et consentir à une idée sont deux choses bien différentes. De plus, ce proverbe date certainement d’une époque où il pouvait être vrai… il ne l’est plus forcément aujourd’hui.

Ces connotations-confusions sont très souvent liées à notre histoire de vie et à nos relations d’attachement. Elles ont un ancrage social. Elles sont souvent inconscientes. Un travail thérapeutique peut s’avérer nécessaire pour les identifier. Lorsque nous sommes petits, enfants, et tout au long de notre vie, notre psychisme associe des expériences à des croyances sur le monde, il associe aussi les premiers apprentissages relationnels à des représentations de l’Humain et des relations en général. Ces associations peuvent être plus ou moins rigides, plus ou moins ancrées, nous en avons plus ou moins conscience. Ces associations, que nous prenons parfois comme des évidences, peuvent nous enfermer dans une vision du monde. Il existe quelques associations fréquentes comme amour-soumission (« je serai aimée si je fais ce que l’autre veut », qui donne lieu plus tard à des mécanismes d’emprise), travail-perfectionnisme (« je serai promue dans mon travail si je fais celui-ci parfaitement ou si je fais plus que ce qui m’est demandé »), erreur-culpabilité (« j’ai mal fait si je me trompe »), etc. Ces associations sont parfois vraies, parfois fausses, en fonction des situations.

La généralisation est donc ici une difficulté, elle peut parfois être entrave à la liberté.

Illustrons cela avec les traumas psychiques. Par exemple, si j’ai subi du rejet dans l’enfance et que cela a induit un traumatisme, je vais développer en grandissant une sorte de « radar à rejet », une hypervigilance. Mon psychisme va avoir tendance à repérer chez les autres chaque signe évocateur du rejet, qu’il y ait ou non une intention de rejet. Le rejet finit par influencer les mots, les actes, la situation (avoir une hypervigilance au rejet tend à produire celui-ci malheureusement). Ainsi, les pensées qui arrivent à nous dans une situation donnée risque d’être influencées par ce vécu de rejet, contraignant fortement notre liberté d’action et de parole. Par exemple, je peux craindre de dire ce que je pense alors que j’en ai envie, par crainte de subir un rejet. Or, la liberté me semble ici se situer dans le choix entre : dire ce que je pense en acceptant le risque de rejet (plus ou moins présent, plus ou moins grand, plus ou moins vrai) ou me taire ou chercher une autre voie d’expression ou me défaire de ce que peut penser l’autre… et tutti quanti.

« Tant que vous n’aurez pas rendu l’inconscient conscient, il dirigera votre vie et vous appellerez cela le destin. »  Carl Gustav Jung

Peut-on gagner en liberté si nous prenons conscience de nos propres associations ? Ce travail de libération psychique pourrait-il agrandir notre espace de liberté ?

Il existe bien d’autres biais cognitifs et mécanismes psychiques qui conditionnent notre vision du monde et nous soumettent à celle-ci. D’ailleurs, il est possible que notre premier conditionnement soit notre condition Humaine, qui à elle seule, limite déjà notre champ de vision et de liberté. Cette condition Humaine nous soumet également aux processus de groupe, sociaux, culturels dans lesquels nous vivons. La psychologie sociale a étudié ces mécanismes en rapport avec les groupes sociaux dans lesquels nous évoluons (expériences sur les influences, la soumission à l’autorité, etc.), que je ne développerai pas ici. Nous sommes donc, chacun, soumis à des mécanismes d’adhésion aux influences, des mécanismes de résistance à celles-ci et bien d’autres processus encore. C’est un fait. Et en fonction du pays dans lequel on vit, de la culture d’où l’on vient, de notre histoire de vie et des souffrances qui y ont été présentes… nous ne sommes probablement pas tous égaux dans le déploiement de notre liberté.

Ceci étant, la liberté reviendrait peut-être à faire un voyage, un voyage intérieur. Apprendre à nous connaitre et à découvrir à quel endroit nous pouvons ouvrir notre champ de liberté peut être réalisé par un travail thérapeutique et également par l’expérience de vie, en s’autorisant à expérimenter de nouvelles petites choses, lorsque nous sommes prêts à le faire. Nous pouvons expérimenter en observant ce qui apparait dans notre monde intérieur et voir dans quelle mesure nous pouvons ajuster ou modifier quelques croyances, interprétations… ou pas. Peu à peu, le champ de ce qui nous parait possible pourrait augmenter et par conséquence, le champ de ce qui devient possible aussi.

Finalement, la liberté intérieure passerait-elle par une libération progressive de nos conditionnements, ce qui nous permettrait ensuite de varier nos choix et d’agrandir ainsi notre espace de liberté ?

Cette libération peut-elle réellement être totale ? Je n’en suis pas sûre.

Toute cette réflexion me mène à une métaphore que j’affectionne particulièrement…

Si nous modélisons notre monde intérieur comme une boite à outils, comment définir la liberté ? Si je n’ai qu’un marteau dans ma boîte à outils, je vais pouvoir l’utiliser comme je veux et quand je veux, je vais pouvoir l’utiliser ou pas, je vais avoir tendance à organiser ma vie autour de situations qui me permettent de faire ce choix. Je suis libre dans un petit espace. Gagner en liberté intérieure reviendrait à varier notre boite à outils. Si dans celle-ci, je dispose d’un marteau, de plusieurs tournevis de différentes tailles, de pinces, de clés à molette, d’une perceuse, etc., je peux alors organiser ma vie de manière plus vaste. J’ai plus de choix, je suis libre dans un plus grand espace.

Avec ce modèle, la liberté ne s’opposerait plus systématiquement à la contrainte, à la pression ou au pouvoir. Pourrait-elle alors être, entre autres, une manière de se situer par rapport à ces choses ? Pourrait-elle être aussi une manière de décider à quelles contraintes, à quelles limites nous décidons de consentir ? Enfin, pourrait-elle être une manière de choisir notre positionnement et notre rapport à ce que nous ne pouvons pas changer (les lois, le monde, les autres, etc.) ?

« La libertéc’est la faculté de choisir ses contraintes. » Jean-Louis Barrault

La liberté totale deviendrait finalement une sorte d’illusion vers un idéal inatteignable. De plus, notre espace de liberté serait plus ou moins restreint ou élargi en fonction de nos conditions de vie, de notre histoire de vie, etc. La liberté serait un état difficile à atteindre pleinement.

Car, dans ma métaphore de la boîte à outils, si je peux augmenter le nombre d’outils, il reste la boîte… un espace contraint, limité, clos. J’ai mis très longtemps à écrire ce texte, que j’ai remanié moult fois. Et il ne me satisfait pas pleinement. En effet, chaque fois que j’écrivais une idée, la notion de limite venait à mon esprit et je m’interrogeais sur mon degré de liberté et sur celui des autres, notamment des personnes qui vivent des drames ou des souffrances. Je n’ai pas su déterminer si cette association liberté-limite était liée à mon propre fonctionnement ou si la notion de limite fait partie intégrante de celle de liberté.

Pour finir, un ptit schéma :

Et un petit résumé : dans une situation donnée, nous percevons (de manière partielle, sélective), puis traitons l’information perçue sur le plan cognitif et psychique. Ce processus est partiellement conscient, partiellement automatique et inconscient. Il conditionne ce qui émerge dans notre monde intérieur, puis conditionne nos pensées, émotions, paroles, actions et attitudes. Ces éléments peuvent impacter ensuite ce que l’on perçoit de la situation suivante et ainsi de suite. Dans ce cycle-là, où peut-on prendre notre liberté et à quel moment ? En d’autres termes, où choisissons-nous de poser notre regard et quand décidons-nous de l’ajuster ? Pour ma part, j’essaie chaque jour de faire le choix, un choix que j’espère suffisamment libre, de poser et d’ajuster mon regard sur ce qui me permet de me sentir vivante, si possible heureuse… parce que finalement, c’est cela qui me procure le plus grand vécu de liberté… que cela corresponde à une liberté réelle … ou pas !

Et vous, où se situe votre prise de liberté ?

 

 

Petit lexique de fin de texte :

Cognitif : Fonction nous permettant d’accéder à la connaissance et englobant les activités psychologiques telles que la perception, la mémoire, le langage, les capacités d’attention et intellectuelles, etc.

Psychisme : Concerne aussi l’esprit, la pensée, souvent utilisé pour décrire notre manière d’être en relation, nos mécanismes de défense, etc.

Hypervigilance : Sensibilité anxieuse à ce qui est perçu comme un danger (mais qui n’en est pas forcément)