Nous venons de traverser une période inédite… l’occasion d’un ressourcement pour certains, une source d’anxiété pour beaucoup. Le confinement, nécessaire à la gestion de la crise sanitaire actuelle, peut laisser une trace traumatique dans nos existences. Le déconfinement, nécessaire à la Vie Humaine, peut également nous fragiliser : la menace virale continue d’exister, des précautions sanitaires nous sont demandées, les échanges sociaux restent réduits, l’incertitude quant à l’avenir demeure… Alors, face à tous ces changements, comment s’adapter ? Comment traverser cette nouvelle étape de nos vies sans trop de heurts ? Avec la peur, l’anxiété, la fuite, le chagrin, la souffrance, la colère, l’opposition ou la violence… comment (ré-)apprendre à Vivre ?
Je crois que la réponse réside dans nos capacités de résilience. J’ai la conviction que chacun de nous possède un potentiel de résilience… ce potentiel est parfois accessible aisément, d’autres fois il est plus enfoui, il s’agit alors de le chercher, de le développer, de le cultiver… pas après pas, jour après jour, du mieux que nous le pouvons.
Qu’est-ce que la résilience ? Selon Boris Cyrulnik, il s’agit d’une « reprise d’un nouveau développement après un fracas traumatique ». Selon Wikipédia, il s’agit d’un « phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l’événement traumatique de manière à ne pas, ou plus, vivre dans le malheur et à se reconstruire ».
Ainsi, premier point importante : prendre acte. Que nous soyons d’accord ou pas avec ce que nous avons à traverser, le trio virus-confinement-déconfinement existe, nous ne pouvons pas y échapper… éventuellement, notre mental peut nous donner l’illusion que nous pouvons y échapper… toutefois, c’est une réalité qui nous touche. La confrontation consciente, mesurée, choisie et humble avec cette réalité me semble nécessaire.
Second point : se reconstruire. Quelles que soient les émotions et les difficultés avec lesquelles nous traversons cette crise, celle-ci peut nous enseigner. Le déconfinement pourrait alors être une invitation à la reconstruction résiliente de nos vies, en tirant des enseignements de ce que le confinement nous a fait traverser.
Tout d’abord, qu’est-ce que je souhaite garder dans ma Vie, qu’est-ce qui a de l’importance dans ma Vie que ce confinement a mis en valeur ? Il peut s’agir de ressources concrètes… Qu’est-ce qui, concrètement, m’a permis de tenir, qu’est-ce qui m’a apporté du bon pendant ces 2 mois de confinement ? Santé, échanges distanciels avec mes proches, amour, jeu, lecture, etc. Il y a également les ressources internes… Ai-je appris des choses sur moi pendant cette période de transition ? Ai-je découvert des pans de ma personnalité que j’apprécie ? Concrètes ou internes, comment puis-je cultiver ces ressources, les exprimer et les pérenniser dans ma Vie future ?
Peut-être le confinement a-t-il également permis de mettre en évidence ce qui me fait souffrir. De quoi est-ce que je souhaite me défaire dans ma Vie ? Que puis-je mettre en place pour changer ces aspects-là, qu’ils soient concrets ou propres à ma personnalité. Il peut être très difficile de s’extraire de ce qui nous complique l’existence. Alors, où puis-je trouver l’aide qui me sera utile ? Comment puis-je renforcer mes propres ressources et les mettre au service de ce qui m’est difficile ?
Enfin (et comme évoqué dans mon précédent texte), il me semble que la période actuelle nous confronte très fort à des valeurs essentielles, comme la vie et la mort, la liberté, l’incertitude, l’amour et les relations, le travail, notre mode de consommation, etc. Pour ma part, Le confinement m’a tout d’abord permis de comprendre et d’assimiler que la liberté – au sens faire ce que nous voulons quand nous voulons – ne me convient pas… Je lui préfère la notion d’autonomie, dans laquelle nous cultivons notre liberté intérieure dans le respect des contraintes extérieures et de ce qui est bon pour le collectif. La créativité est un merveilleux outil pour développer cette autonomie-là. Le confinement m’a également rappelé combien nous sommes à la fois petits et grands. Petits, car nous sommes partiellement impuissants face à la menace virale, nous pouvons faire notre part pour nous protéger et protéger nos proches, mais nous ne pouvons pas contrôler et maîtriser tout ce qui se passe. Donc, ce que m’enseigne cette crise, c’est à la fois l’humilité et le lâcher prise. Grands, car chacun de nous fait partie d’une grande chaîne Humaine. Nous avons été nombreux à respecter les recommandations et/ou à travailler (parfois de façon tout à fait innovante) pour soigner, instruire, servir, conduite, réparer, nettoyer, accompagner et tutti quanti… Chacun de nous compte, chacun à sa manière, chacun depuis sa place. Donc, ce que m’enseigne cette crise, c’est que nous pouvons cultiver notre conscience collective et notre pouvoir d’action individuel. Enfin, dans le même registre, un enseignement fondamental pour moi en cette période difficile concerne la fragilité et la force de l’existence. La fragilité car nous ne sommes pas tout-puissants sur la vie et la mort, une part nous échappe. L’incertitude fait partie intégrante de nos quotidiens, le reconnaître est utile pour renoncer à l’hyper-contrôle et constater que Vivre relève du miracle, quand bien même notre vie est difficile (et peut-être : surtout, quand notre vie est difficile). Nous pouvons donc cultiver chaque jour la gratitude du simple fait d’être en Vie, nous pouvons apprendre à développer le sentiment d’être Vivant et nous rendre compte que c’est certainement ce qui, dans nos existences, a le plus de valeur… et nous permet de nous reconstruire avec résilience, en tant qu’individu et en tant que société.
Alors, l’intention de ce texte est de souhaiter à chacun de nous, quelle que soit la situation dans laquelle nous sommes, de prendre soin de la Vie et de l’Amour en nous et autour de nous… jour après jour et du mieux que nous le pouvons.
Prière de la sérénité (laïcisée) :
Puissé-je développer « la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses que je peux, et la sagesse d’en connaître la différence. »