« Quand c’est rangé dans la maison, c’est rangé dans la tête ».
J’ai entendu cette phrase pour la première fois il y a un peu plus de 15 ans. Je me souviens encore, je m’étais sentie amusée, dubitative, un peu sidérée aussi car je n’en comprenais pas bien le sens. Il est vrai que le désordre n’a jamais fait de mal à personne, il paraît même que c’est signe de créativité et d’esprit inventif. Quelle belle raison donc pour mettre le binz de-ci de-là dans ma maisonnée, ma paperasse, mes placards et tutti quanti. Une jolie (em)mêlée et beaucoup de stress quand il s’agissait pour moi de retrouver LE papier super important. Celui-là, en plus, il est généralement nécessaire de le trouver rapidement et en parfait état… donc de savoir instantanément, précisément, irréfutablement là où il peut bien être.
J’ai vécu plusieurs moments de solitude, de stress et d’inquiétude à propos de ce papier-ci (et de quelques-uns de ses confrères). Tellement long à retrouver ou carrément introuvable… « Je n’ai donc jamais dû le recevoir »… « C’est la faute de l’administration »… « Je ne parviendrai pas à mettre la main dessus, c’est la fin du monde »… « Rrrrhooo pis zut !! »… Tout un tas de pensées négatives vis-à-vis de moi, d’autrui, de la paperasse, me submergent dans ma recherche incessante dudit papier. Après des heures de farfouille, je dois bien l’admettre : si je l’avais mis dans mon classeur, à sa place, j’aurais mis la main dessus en moins de deux.
Contrainte et forcée de reconnaître aussi que, ranger, ça peut être utile. Je restais toutefois sceptique quant au fait que m’organiser dans mes affaires organiserait également mes neurones.
Cela fait plusieurs années maintenant que ledit papier a été perdu, m’apportant cette merveilleuse leçon d’organisation et de classement. Depuis, j’ai pris goût à cette rangette-party. J’organise, je classe, je range… parfois je laisse traîner un peu (histoire de soigner ma créativité et mon esprit inventif… et aussi – surtout – parce que j’ai la flemme)… Au fil du temps, j’observe que lorsque je permets à mes affaires d’errer de-ci de-là, ma charge mentale augmente. Lorsque je permets à la procrastination (= tendance à remettre à plus tard, généralement de manière répétitive) de s’abattre sur les choses à faire, ma charge mentale augmente. Je crois que, pendant longtemps, je faisais de l’évitement à ce sujet, je regardais dans une autre direction, jusqu’à ce que LE papier super important me rappelle (à l’ordre) que j’ai besoin de me mettre en ordre. Depuis, je ne peux plus fuir, c’est un fait : lorsque je mets le binz, je me charge d’une énergie pesante.
Mais, à trop ranger, ne risque-t-on pas de devenir rigide ? Nouveau dilemme pour mes neurones allégés !!
J’ai mis du temps à différencier et à trouver l’équilibre entre rigidité et organisation. Si j’écoute ce que mon corps me dit, ce que mes émotions me transmettent, je décode la rigidité dans l’état anxieux qui me traverse, dans le stress impalpable qui se cache derrière les « il faut ci » et « je dois ça ». Alors que l’organisation juste m’apporte ancrage, satisfaction, légèreté et, parfois, un sentiment de plénitude. Le rangement de mon espace (extérieur et intérieur) me permet de me sentir accueillie et de déployer toute la myriade de neurones connectés au « prendre soin ». J’y vois plus clair dans mes affaires et dans mon être ! Les émotions s’apaisent me livrant leur sens, le mental trie ses croyances, parfois la paix s’installe. La clarté ainsi instaurée laisse alors une jolie place à ma créativité, à mon esprit inventif et à mon intuition.
Et il y a un bonus ! J’ai découvert peu à peu que plus je développais cette compétence, plus je nourrissais l’estime de moi et la confiance en moi. Car ranger apporte un sentiment d’ « être capable de », qui nourrit et grandit l’âme !
Alors, entre ordre et désordre, si nous explorions notre propre juste milieu (certainement différent pour chacun) ? … Ce compromis qui permet de trouver ses affaires et – pourquoi pas – de se trouver soi-même ?
Et pour terminer, je rends hommage à une femme que j’accompagne au cabinet qui me disait, quelques jours après le premier jet de cet écrit : « Un ptit peu de rigueur pour plus de liberté ».
Ce petit texte , lu avec attention, me parle beaucoup!!!!
Je cherche le « fameux papier »….
Merci pour votre commentaire.
Et je vous souhaite du bon dans votre recherche.
Bien à vous.
C est tout a fait moi ,mais pas seulement un papier parfois c était plusieurs papiers surtout le jour iu j en avait besoin c est un stresse de fou .mais maintenant j essaie de ranger quand j y pense .’)
Bonjour,
Merci pour votre partage.
Et, en effet, il n’est pas toujours aisé de « penser » à mettre de l’ordre… la planification et le choix des emplacements peuvent être aidants.
Je vous souhaite du bon.
Bien à vous, Estelle Joguet
J’en ris encore.
Après la lecture de votre réflexion, je suis allé dans mon bureau.
Il semble rangé.
En fait il l’est à peu prêt.
Chaque groupe de « choses » a sa place mais ces choses (objets ou documents) se mêlent dans un joli petit désordre en son groupe
J’ai même remarqué des îlots de ma résistance aux rangements de ma compagne
où mes « choses » sont mises dans un foutoire comme pour dire « là est la liberté » .
Bien sûr quand je désespère de trouver une de mes choses, j’appelle ma compagne à l’aide.
Parfois elle a mis cette chose dans son rangement.
Pire, elle le retrouve dans mon désordre.
Nous avons pris parti que chacun organise son ordre ou son désordre. L’essentiel est de retrouver les « choses »
Si elles ne reviennent pas c’est qu’elles devaient être perdues