Le week-end du 10 juin 2017, j’ai eu la chance d’intervenir au festival de l’énergie organisé à Wissant, quatre jours pour transmettre, partager, rencontrer, découvrir…
J’ai notamment co-animé une conférence sur le thème de la sexualité, un sujet qui, malgré les apparences, reste encore parfois tabou ou mêlé à des représentations erronées.
Je vous propose donc un petit résumé de mon propos, un tour d’horizon – loin d’être exhaustif – de quelques points clés nécessaires à une sexualité plus épanouie, plus vivante.
La sexualité, c’est tout d’abord un peu de biologie, d’inné. Dans le monde animalier, l’une de ses fonctions est la reproduction pour le renouvellement des espèces. Elle implique donc la génétique, les organes génitaux et les zones érogènes, les réflexes reproductifs et de séduction, le fonctionnement hormonal, les phéromones qui sont en lien avec les aspects sensoriels, etc. Néanmoins, l’impact de ces aspects a diminué chez les êtres humains ! C’est ainsi que la sexualité n’a plus uniquement pour vocation la reproduction, mais aussi le plaisir… Celui-ci implique tout d’abord le système cérébral de récompense – punition. C’est le modèle du conditionnement de Pavlov. Une expérience agréable stimule le circuit cérébral de la récompense et renforce la volonté de revivre cette expérience. Dans le champ de la sexualité, il y a stimulation du désir. Inversement, si l’expérience est désagréable, le comportement associé sera moins utilisé, la désir est inhibé. A noter qu’une sexualité uniquement investie de cette manière peut donner lieu à des blocages ou, inversement, à des comportements sexuels compulsifs ou addictifs. Il y a également un lien avec l’Ego, qui recherche sans cesse des expériences positives visant à le valoriser.
Chez l’être humain, la sexualité se complexifie encore ! Effectivement, si nous disposons tous de ces caractéristiques innées, il existe des différences individuelles et subjectives …
La sexualité implique le corps et les émotions, c’est-à-dire ce qui est ressenti physiquement.
Les aspects sensoriels sont importants. Chacun est différent et investit les modalités sensorielles de façon unique et particulière (visuelles, tactiles, olfactives, etc.). d’où l’importance de bien se connaître pour se respecter. Ces aspects ont également un rôle dans le rapport à notre propre corps et dans la compatibilité entre deux partenaires.
Par ailleurs, la sexualité ne se développe pas spontanément à l’adolescence ou au début de la vie adulte, elle dépend, en partie, de nos conditionnements émotionnels … Elle est une construction. Les premières expériences sensorielles précoces impactent déjà notre sexualité future. Si un bébé est respecté dans ses besoins spécifiques, qu’il éprouve de la joie dans les premiers soins corporels, il va accumuler des expériences positives. Le bébé construit un rapport paisible à son corps et, en grandissant, une image suffisamment positive de son corps. A l’adolescence, avec les changements physiologiques, le déploiement du système hormonal et l’émergence de la sexualité proprement dite, la curiosité peut se développer. Si l’adolescent est accompagné à son rythme dans ses questionnements, il pourra enrichir ces vécus positifs et, plus tard, développer une sexualité épanouie. Les premières expériences sexuelles sont cruciales : elles peuvent aussi bien conduire à un vécu traumatique (honte, par exemple) ou à un vécu heureux. Et, quand il y a des expériences d’intrusion dès l’enfance, que le rapport au corps suscite des émotions douloureuses, que les modifications adolescentes ne sont pas parlées, qu’une maladie abîme le corps, la sexualité future va être impactée. L’anxiété, l’angoisse, la volonté de contrôle, la culpabilité et autres vécus douloureux peuvent alors venir entraver l’épanouissement de la sexualité. D’où l’importance de développer, du mieux possible et quel que soit notre âge, un rapport harmonieux à notre corps et de prendre soin de nos émotions. Pour rappel, nos émotions sont un signal envoyé par notre corps pour nous donner de l’information sur ce qui nous convient et ce qui nous convient pas, sur nos blessures, sur ce que nous aimons, etc.
La sexualité implique également les cognitions, c’est-à-dire les pensées et leurs schémas. Un mental apaisé favorise une sexualité épanouie et le déploiement de l’imaginaire. Il est difficile d’être à la fois focalisé sur le mental et sur le corps, il est également difficile d’être à la fois focalisé sur l’intellect et le fantasme. D’où l’importance de l’éducation à la sexualité (à tout âge !) car mieux nous nous connaissons, mieux nous nous épanouissons.
Voici quelques exemples de pensées qui freinent le désir : pensées parasites, pensées anxieuses (peur de ne pas y arriver, par exemple) ou intellectuelles (réfléchir à la sexualité), ruminations, idées fausses, principes ou croyances erronées, etc. De plus, malgré les apparences, circulent encore de nombreuses représentations mentales négatives autour de la sexualité, en lien avec l’héritage judéo-chrétien, l’idéal de perfection parfois prôné par nos sociétés occidentales, les expériences douloureuses passées, etc. Identifier les pensées, faire le tri, les décoder et apaiser le mental, se focaliser sur l’instant présent, s’autoriser l’esprit de découverte sont autant d’ingrédients utiles au déploiement du lâcher-prise nécessaire à une vie sexuelle plus épanouie. Une représentation mentale juste de notre sexualité, de nos besoins et limites en ce domaine favorise sont épanouissement.
Entre plaisir qui se consomme et non-plaisir, il y a le chemin vers le plaisir qui se savoure, se construit, se partage… La relation est donc importante !
Tout d’abord, il y a la relation à soi. Notre histoire de vie joue ici un rôle important (carences affectives dans l’enfance ou non, estime de soi, présence ou non de traumas encore actifs, les premières expériences sexuelles, la sexualité passée, etc.). Et puis, il y a la relation de couple et sa dynamique (moments partagés, conflits conjugaux, etc.). Une sexualité épanouie se développe dans une attitude vis-à-vis de soi et de l’autre, qui implique notamment :
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La sécurité (matérielle, affective, relationnelle, …)
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La confiance (en soi / en l’autre)
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La disponibilité (émotionnelle, énergétique, temps, espace, …)
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Le respect (des rythmes, des besoins, des limites de chacun)
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La liberté (pouvoir dire oui, non, plus tard, … et en prêtant attention aux confusions du type « il / elle ne veut pas donc il / elle ne m’aime pas », etc.)
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La qualité de l’intimité partagée
La sexualité s’enrichie dans une relation complice, agréable, saine à nous-mêmes et au partenaire, et elle l’enrichit réciproquement. Enfin, une certaine alchimie, ainsi que l’amour, constituent des ingrédients pouvant magnifier le tout.
La dimension inconsciente joue également un rôle fondamental. Certaines difficultés, certains blocages, renvoient au fonctionnement de l’inconscient (modèle amoureux des parents, loyautés et identifications, etc.) et impliquent des aspects transgénérationnels. De ces aspects-là découlent une bonne partie de nos schémas de pensées, de nos vécus affectifs, émotionnels, de nos attitudes et comportements, … Un travail sur soi peut donc s’avérer utile pour se dégager peu à peu des entraves inconscientes.
Par ailleurs, nous évoluons dans un contexte culturel qui impacte également nos représentations de la sexualité : la culture, l’avènement des méthodes contraceptives, les normes sociales, les valeurs et croyances, l’impact des médias, l’inconscient collectif, l’Histoire, etc.
Pour finir, il est à noter que tout les éléments évoqués ici s’intriquent, s’intègrent, pour constituer notre sexualité qui est à la fois un donné de la Vie et une construction.
En conclusion, rappelons que nombreuses approches en psychologie rattachent la sexualité à la pulsion de Vie. La médecine s’est également intéressée à ses bienfaits et des études montrent un impact positif sur le sommeil, la joie de vivre, les maux de tête, l’espérance de vie, le système immunitaire, l’équilibre hormonal, le bonheur, la réduction des processus inflammatoires et de certaines maladies. Rappelons-nous toutefois que toute sexualité est imparfaite, qu’il n’y a pas de fréquence ou de performance à tenir ! Non ! Juste se respecter ! Il s’agit donc avant tout d’un chemin de découverte … de soi, de l’autre, de la Vie, chacun à son rythme, chacun selon ses moyens, chacun selon ses besoins et ses limites.
Ainsi, comme beaucoup des aspects de notre vie, prendre soin de notre sexualité nécessite de prendre soin de soi en premier lieu et de prendre soin de l’autre si nous sommes deux.
Investie sous cet angle, la sexualité devient parfois une nourriture de Vie !
(le schéma ci-dessous est issu de la page Wikipédia dédiée)