Août 2024 – Gabriel : Ajuster ses croyances

Témoignage de Gabriel, qui nous partage comment s’ « autoriser à essayer à nouveau » et persévérer peuvent ensuite permettre d’ « avancer aux côtés d’une croyance plus juste » –  Merci Gabriel 🙏

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A l’âge de 15 ans j’ai arrêté le lycée. J’avais pourtant entamé cette année de seconde avec optimisme bien qu’avec appréhension, me disant que je rencontrerais des difficultés mais que je finirais certainement par décrocher mon bac. Cependant, j’ai été contraint d’arrêter les cours à cause de problèmes de santé.

Mon décrochage scolaire m’apporta certes du répit, mais me plongea davantage dans la solitude et un repli sur moi-même. Je sombrais peu à peu dans la dépression et mes perspectives d’avenir devenaient de plus en plus floues. J’avais cependant une lueur de réconfort dans cette obscurité. Le japonais est une langue qui m’avait toujours passionné : c’est pourquoi, peu de temps après, j’ai souhaité me lancer dans des cours. J’avais besoin de me raccrocher à quelque chose et pratiquer la langue me tirait du vide. Encore une fois, je ne pus tenir mon engagement. Sortir de chez moi était devenu une réelle épreuve et j’ai fini par également décrocher des cours de japonais. Cet abandon laissa en moi un sentiment d’amertume et renforça une croyance naissante : celle que je n’étais pas capable d’accomplir les objectifs que je me fixais.

Après de longues hospitalisations, je me sentais prêt à reprendre les cours. On m’a proposé une clinique soins-études, un établissement alliant le suivi d’une clinique psychiatrique avec des cours. Tout se passait pour le mieux jusqu’à ce que mon état de santé se détériore à nouveau, m’obligeant une fois de plus à décrocher en cours d’année. Par la suite j’ai essayé de suivre une formation, mais je n’ai pas tenu plus de quelques jours. J’avais même tenté de reprendre les cours de japonais, mais l’issue fut la même : l’expérience se solda par un abandon.

 

C’était un amalgame de déception, de frustration et de culpabilité qui m’assaillait.

Cet enchaînement de difficultés me poussa à la conviction profonde que je n’étais pas capable d’aller jusqu’au bout des choses, que chaque action que j’entreprenais me conduirait toujours vers un échec inéluctable. Cette croyance, fortement inscrite en moi, me retenait prisonnier par des chaînes invisibles. J’étais devenu esclave de mes doutes et de mes peurs. Je n’entreprenais alors plus rien, de peur de devoir faire face à un nouvel échec. J’avais cessé de croire que j’étais capable d’accomplissements.

C’est après un long moment d’inaction que je fis un constat : on ne tire jamais quelque chose de bon dans la passivité, on a tout à gagner à se lancer. Réaliser cela et, aussi, un désir de changement provoquèrent en moi comme un cri de révolte, un sentiment d’indignation face à la situation dans laquelle j’étais. Il fallait que cela cesse.

Je pris également conscience d’une autre chose : au final, tout n’était qu’une question de perspective, chaque « échec » que j’avais vécu n’en était pas un…le simple fait d’avoir essayé était une petite victoire en soi, et l’expérience qui en avait découlé m’avait à chaque fois beaucoup appris.

Je me suis alors autorisé à essayer à nouveau, j’ai remis en doute la croyance selon laquelle je n’étais pas capable.

 

Le projet sur lequel mon choix s’est porté fut l’apprentissage de la batterie. Ma passion pour la musique était un moteur puissant qui m’aiderait certainement à aller jusqu’au bout de la démarche. Bien évidemment, mes doutes et questionnements étaient nombreux. En étais-je capable ? Pourquoi cela serait différent des autres fois ? Malgré ces incertitudes, je me suis lancé. Raccrocher à quelque chose après avoir tout arrêté n’est pas chose aisée mais je l’ai fait, j’ai persévéré et j’ai tenu jusqu’à la fin de l’année. Cette victoire m’a montré que j’étais tout à fait capable d’aller jusqu’au bout des choses et m’a octroyé la confiance nécessaire pour entreprendre d’autres projets. L’année suivante je me suis lancé dans le théâtre et me suis à nouveau prouvé à moi-même que mon cerveau m’avait raconté des mensonges, que cette croyance n’était pas réelle. Je suis allé jusqu’au bout, en finissant l’année avec une représentation théâtrale devant une salle de 60 personnes.

Je réalisai que tenter d’aller au bout d’un projet était donc possible.

Très bientôt j’aurai terminé la formation qui me permettra d’obtenir un diplôme équivalent au bac.

C’est avec un regard nouveau sur moi et les expériences de la vie que je poursuis mon chemin . Dorénavant, je ne vis plus dans la peur d’échouer car j’avance aux côtés d’une croyance plus juste :  je peux être déterminé à tenir bon et à finir ce que j’ai entrepris.

 

« Accepter le doute c’est remporter la guerre », phrase tirée des paroles du morceau « L’art raffiné de l’ecchymose » de Lucio Bukowski.

 

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Compétences

Posté le

28 juillet 2024

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