Mai 2024 – Igor : S’engager dans la vie

Témoignage d’Igor*, qui nous partage sa façon de se relever : Changer de regard et expérimenter une pluralité d’outils, afin de réussir « à quitter la survie pour m’engager dans la vie. » –  Merci Igor🙏

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Je m’appelle Igor*, je suis un homme de trente-huit ans, blanc, cisgenre. J’ai eu une enfance plutôt heureuse, avec des parents aimants et ma petite soeur.

Mais à l’âge de 11ans, la maladie et la mort s’invitent dans notre nid douillet. La famille, la santé, le travail, le temps, l’avenir, la religion, le confort, l’argent, l’amour, l’espoir, l’amitié… toutes ces notions volent en éclat!

 

 

S’en suit une adolescence chaotique, où je tente de me construire comme homme avec une figure paternelle déclinante. Je fais comme je peux avec ce que je trouve, je fuis, je bricole… Mon entrée dans l’âge adulte est morbide, entre états extrêmes, autodestruction et conduites addictives… En société, j’arrive plus ou moins à donner le change, portant un masque de plus en plus étouffant. Je me perds, occultant des pans entiers de qui je suis vraiment.

 

À trente-deux ans, tout cet équilibre précaire et violent finit par s’effondrer. Lancée il y a plus de vingt ans, cette spirale infernale s’arrête enfin. J’implose, le coeur la tête et le corps totalement disloquées…

 

« Heureusement », depuis mes dix-sept ans, je fais un travail thérapeutique. Et ces quinze années d’accompagnement et d’introspection portent leurs fruits. Épuisé, complètement paumé, encore au sol, pour la première fois depuis longtemps, je prends le temps. Je prends le temps de ralentir, de regarder différemment, de nommer, d’expérimenter de nouveaux outils. Je me relève, un pas après l’autre, à mon rythme. Cette « relevée » durera plus ou moins deux ans.

 

Depuis, je me reconstruis, je chemine, conscient que rien n’est jamais acquis. J’ai découvert de nouveaux outils et la nécessité de politiser mon intime. Que ce soit grâce à la nature, au clown, au féminisme, à mon engagement à m’émanciper des schémas patriarcaux, à l’écriture, au mouvement, au yoga, à la méditation… Mon quotidien prend de plus en plus de sens, mon rapport aux autres, au monde et à moi-même change. J’apprends à façonner et vivre une vie qui me convienne, où la joie, la douceur et l’amour ont leur place.

 

J’ai réussi à quitter la survie pour m’engager dans la vie.

 

*nom d’emprunt

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